SORTIE EN MER – CHARLESTON, SC À CAP CANAVERAL, FLORIDA

Le matin du départ, un jeune couple en voilier vient nous rendre visite. Nous discutons pendant près d’une heure. Ils sont super gentil. Leçon #1 – Ce moment précieux aurait mieux servit à se préparer davantage… La météo reste la même. La hauteur des vagues aussi… Je ne suis pas tout à fait rassuré. Martin est confiant. D’un commun accord, nous partons. Plan B est que nous rentrons à mi-chemin a Fernandina Beach, Florida. Nos amis me rassurent, ils n’ont aucune hésitation. Le temps n’est pas dangereux, seulement nouveau et plus fort que nous avons expérimenté. Leçon #2 – Je me sens faible et fatiguée avant même de partir.

1 au 2 décembre 2016

10 :30 – On lève l’ancre.

12 :00 – On traverse ma zone de limite de confort. Je ne me sens pas assez préparer pour cette mer. Leçon #3 – Nous n’avons pas préparé suffisamment le bateau pour toute éventualité.

14 :00 – Walace dors sur un tapis dehors. J’ai le mal de mer, je vomis, je suis indisponible.  Leçon #4 – Je n’ai rien préparé à manger en repas et en collation pour les autres…

17 :00 – Nelson vomit. Moi aussi, encore. Betsy est ok, m’apporte des kleenex et de l’eau… Martin s’amuse dans les vagues avec Calbodine. On prend la décision de suivre le Plan B.

19 :00 – Les enfants dans leur lit respectif, j’essaie de fermer les yeux sur le canapé… Les bruits qui m’entourent sont puissant, nombreux, nouveaux. La coque qui frappe dans les vagues est immense, sourd, intimidant. La bateau bouge énormément, bien plus que nous ne l’avons jamais senti bouger. Martin a mon admiration! Il voit des milliers d’étoiles, entends des dauphins, voit de l’effervescence tel Avatar dans la forêt enchanté.

23 :00 – Plus de connexion radio VHF avec nos amis. Leçon #5 – Nous avons manqué de communication entre nous. La perte de communication entre nous n’était plus le moment de confirmer nos intentions, quoique sommairement discuté auparavant.

24 :00 à 6 :00 – Martin tiens le coup je ne sais pas comment. Je me sens coupable de ne pas pouvoir l’aider à barrer. Je me soulage en me disant qu’il pourra maintenant mieux nous comprendre, nous les femmes, avec nos accouchements… Toutefois, je suis incapable de dormir, et lui non plus! Je log à chaque heure, je nous positionne sur notre carte papier à chaque ½ heure. Leçon #6 – ÉTUDIER la carte papier AVANT le départ pour tous les obstacles parcourus sur la route. Encercler les bouées, les tours, les obstacles possibles. Je ferme les yeux sur la table de navigation avec mon bol entre les jambes… Je lui apporte en rampant de l’eau, des bananes, des barres tendres. Les enfants se réveillent durant la nuit chacun leur tour. Ils veulent se faire rassurer, confirmer que tout va bien. Je leur donne une lumière.  Le bateau bouge énormément… Les bruits sont intenses… Cet état est nouveau pour eux aussi…

« MOT DU CAPITAINE : La nuit était mouvementé mais pleine de bonne énergie. J’ai mis le pilote automatique en pause pour prendre la barre et comprendre le mouvement du bateau dans ces vagues pleine de force. J’étais comme un enfant qui fait ces premiers pas, les yeux grand ouvert et le sourire fendu jusqu’aux oreilles…  Je me sentais bien parmi ces étoiles qui nous surveillaient. Malgré notre maigre expérience, j’étais confiant avec une paix intérieure que j’ai rarement atteins. Le moment était à la fois intense et zen… »

7 :00 – Le soleil se lève. Les enfants aussi. Nelson vomis. Walace est vert. Je me sens en vertige… On change de cap, les vagues sont hautes. On affale la grande voile, une poulie s’est brisé, on ne peut plus la border.

10 :00 à 14 :00 – Martin a l’air d’un zombie après ±22 hrs à la barre. Je n’ai pas le choix que de me tenir debout en tremblant et de prendre la barre. Il s’effondre. Au bout d’un moment, on prend le rythme des vagues. Le bateau travail bien. Calbodine est conçue pour ce temps… et beaucoup plus! Debout derrière la barre, je vois des vagues dépasser l’horizon: 10 pieds. Les enfants sont dehors (bien attaché). Des dauphins nous suivent et jouent dans nos vagues. Magique et réconfortant!

15 :00 – Mini sieste pour moi. On voit la côte de la Floride! Du sable! Des palmiers! Des pélicans!

16 :30 – On jette l’ancre à Fernandina Beach, Florida. On mange et on se couche, tout habillé.

Ce fut une traversé enrichi d’apprentissage important, une expérience mémorable. Martin s’endort avant de toucher l’oreiller. Je dors extrêmement mal, bouleversé. Je digère ce temps. Encore une fois, le temps n’était pas dangereux, mais plus gros que notre expérience. De plus, notre physique et mentale n’était pas à son meilleur au moment du départ…

175 miles parcourus. 31 heures de navigation.

dscn1728

_______________________________________________________________

3 au 4 décembre 2016

On ouvre les yeux à 7 :00. Il faut partir. Nous avons une nécessité incompréhensible qui viens de l’intérieur à reprendre la mer. Une urgence a repartir. Nous confirmons la météo et levons l’ancre à 7 :30. Cette fois-ci, nous longeons la côte en dessous des 5 miles. Les vagues sont beaucoup plus petites. Même que le vent est faible. Nous combinons moteur et voile. La journée est belle, le temps est bon. C’est comme si hier n’était qu’un rêve. Je me dis que ça ne devait pas être si pire… Les bruits entendus restent pourtant gravés dans ma mémoire. Je commence déjà à assimiler ce temps. Je suis prête à continuer. Une fois reposé, je ne serai plus intimidée par un temps égal.

La journée passe lentement. Les enfants sont dehors avec nous. Nous discutons. Quel privilège de pouvoir être ensemble, si prêt l’un de l’autre, à partager ces moments intenses et de pouvoir discuter. Avant même de m’en rendre compte, ils seront derrière la barre… J’apprécie chaque secondes…

La nuit tombe tranquillement. Nos yeux s’habituent. Il fait moins noir qu’hier. Moins d’étoiles.  Nous suivons la côte, les villes illuminent notre passage. Nous entendons la Coast Guard prévenir les navigateurs de la présence de baleines. Nous ne souhaitons pas tant que ça en voir… du moins pas trop de près!

Martin dort 2 heures, le vent se lève, nous atteignons 8.5 nœuds. On surf les vagues! J’ai l’impression de barrer un bateau de course!!! Ha ha ha! Je vais me coucher 2 heures. Nous nous approchons de Cap Canaveral. Nous devons faire un tact pour remonter vers les bouées rouges indiquant des hauts fonds. 2 tacts suffisent. Nous apercevons les fusées, les structures, les bâtiments de la NASA au loin. Nous sommes tous les deux, seul dans cette nuit. Nous sommes bien!

dscn1713

Le jour se lève avec les enfants. La mer est chaude et bleue. La Floride nous accueille chaleureusement. A mesure que nous approchons la côte et que le soleil se lève, la tuque et les gants disparaissent, puis les salopettes, puis le manteau, puis les chandails s’enlèvent un par un et les combinaisons! Même les bas de laine sont devenus inconfortables! Quel bonheur!! Cette chaleur tant attendu, nous l’avons atteint!!!

La Floride!!! Nous traversons le port de Cap Canaveral, ça sent la Floride! Tous nos sens sont sollicités. Il fait chaud, je cours mettre des shorts, les enfants ressortent habillé en été, heureux! Nous avons le cœur extrêmement léger! Un esprit de fête flotte sur le bateau! Nous avons atteint le centre de la Floride! Le choc est grand. Nous pouvons maintenant relaxer, respirer, reprendre notre souffle.

195 miles parcourus. 30 heures de navigation.

dscn1759

Nous rejoignons nos amis sur la terre (ils ont continué la route sans passer par Fernandina Beach) et le moment est venu d’ouvrir le champagne reçu au départ par nos amis! Merci Hugo & Véro!

dscn1760

Vive la Floride!

Vive la mer!

About the author

11 Responses
  1. Pierre readman

    À vous lire bien assis dans mon fauteuil , j ai eu l impression de vivre votre aventure tellement la narration me semblait juste Bravo a vous deux ,vous êtes des champions et courageux Pierre et Danielle Les enfants ont l air tellement heureux. XXX

  2. Martin Jomphe

    Bonjour tout mon monde, vous êtes tellement beau sur vos photos, je suis contente de vous voir. Annie j ai quasiment eu mal au cœur en te lisant… N`oublie pas ta fameuse zone de confort…
    Walace Betsy et Nelson vous êtes pas mal beaux, je vous aime gros gros gros.
    Je suis bien contente que vous ayez un couple d`amis comme vous.
    Je t`embrasse fort Annie.
    Maman xxx

  3. Marilyn Readman

    Oufffff ca me rend émotive de vous lire. Vous me, nous, manquez!!!! Quelle expérience!!! Ici,
    Moi je me relève d une gastro intense et je me questionne a savoir qu est ce que je prefere…
    Un mal de mer ou une gastro hahahaha
    La photo de Martin ❤️💙💜💚 je n’ai pas de mot….. Wow, comme il semble zen, bien,
    Heureux, content, dans son élément, satisfait….. Ca me fait du bien de voir qu il respire le
    PARFAIT
    Bonheur. Vous êtes beaux et courageux.
    Je, on ,vous aime et avons hâte de vous voir xxxx

    Envoyé de mon iPad

  4. Yves Plourde

    Bonjour,

    je vous donne un bon site internet pour gérer la météo pour vos futurs longs passages. passageweather.com Je suis un collègue de travail de Thierry Richard et j’ai,moi aussi,un projet de voyage autour du monde.Mon bateau sera prêt l’an prochain,un projet de plus de dix ans …

    Bon vent!

    Yves Plourde

  5. Atzitz

    Calbodine! On vous aiiiime ! Allez courage encore quelques miliers de miles et vous verrez que l ocean restera toujours le plus fort! Mais qu en le navigant dans le bon sens il est magique et beau. Tout comme vous qu on attend. Quel bonheur de vous avoir rencontré. Les NOMAD s

Leave a Reply

Inscrivez-vous à ma liste d’envoi