Habituellement, nous aimons partir avant même le petit déjeuner lors de nos traverser! Nous étions prêts assez tôt mais nous devions attendre les officiers pour nos papiers de sortie. Un agent arriva, puis un autre, puis 2 autres… et après 100$ en « contribution volontaire », nous étions enfin prêts à partir pour 11 :30!! Nous hissons les voiles vraiment content de quitter ce pays. (Voir article précédent!)

28 mai

11 :30 – Finalement, le grand départ! Étrangement, je ne suis pas nerveuse devant cette (plus) grande traversée! Je suis contente, calme, confiante envers Calbodine et son équipage. La météo ne prévoit pas de tempête tropicale pour la prochaine semaine alors tout va bien aller… Nous sommes tout de même méfiant des coups de vent, averses et éclaires. La mer est belle, le ciel est bleu, un vent de 15 à 20 nœuds à 60°. Parfait! Une belle après-midi de voile devant nous!

19 :00 – Les enfants se sont couchés et s’endorment en même temps que le soleil. La nuit est belle. Les étoiles se lèvent par milliers. Nous apercevons des éclairs pendant des heures au-dessus de Puerto Rico… content d’aller à sens inverse…

22 :00 – Quelques petits nuages ici et là mais nous voyons plus d’étoiles que jamais!

29 mai

2 :00 – Je suis en extase! C’est le summum d’une nuit en mer! Des étoiles par milliers, la voie lactée couvre le ciel traversé d’étoiles filantes plus nombreuses que je ne puisse les compter (pour plusieurs d’autres rêves à réaliser). Il y a peu de vagues, un bon vent toujours à 60°. C’est calme, le bateau avance bien, tout le monde dort à bord. Je savoure ce moment seule avec moi-même, avec la mer, devant cette immensité et ce monde pleins de mystères sous nos pieds…

6 :00 – Je me réveille avec une pluie au visage, parce que nous dormons à l’extérieur. Premier squall suivit d’une pluie chaude. Nos voiles sont faibles et fatigués, la grande voile déchire juste sous le 3 ris. Nous prenons alors 3 ris et avançons quand même à une bonne vitesse!

8 :00 – Les vagues sont plus hautes, Nelson vomis et Walace est calme, très calme…

11 :00 – La mer est plus agitée, le vent forcit, les vagues plus hautes, celles-ci nous ralentissent et le ciel est plus menaçant. Walace est malade. Une bonne pluie rince Calbodine et nous-même…

18 :00 – Ouf! Il fait chaud à l’intérieur, difficile de dormir pour siester. On se sent fatigués. Le riz que j’avais préparé avant le départ est gluant et pu… Nos estomacs sont limite vide… Martin nous prépare une bonne soupe pour souper! Délicieuse… mais elle me restera sur le bord des lèvres jusqu’au matin! On roule un peu de genois, on file à toute allure! Le vent (vrai) est soutenu à 20 nœuds. Il n’y a rien ni personne autour de nous! Calbodine est parfaitement équilibré. On s’en ligne pour une belle nuit rapide…

30 mai

4 :30 – Je me réveille encore avec une fine pluie au visage. Le temps d’ouvrir les yeux que je saute sur mes pieds, lance mes cousins et couvertures à l’intérieur en fermant le panneau pour aider Martin à ajuster les voiles. Celle-ci est suivit d’une bourrasque de vent de près de 40 nœuds. La pluie tombe maintenant à horizontale, les voiles sont à peine ouvertes. L’ambiance est à son plus haut! Calbodine hésite puis avance aidée de sa petite voilure! Nous nous sentons dans une de ses courses de voile où la tempête nous secoue. Des minutes passent et Martin, détremper jusqu’aux os manœuvre Calbodine dans ce mur de pluie et de vent. Le mur finit par passer mais le vent reste fort. Nous voyons sur l’eau le mur de pluie s’éloigner derrière nous. Nous constatons que notre genois a déchiré à 2 endroits, en haut d’anciennes coutures déjà performées. La doublure de notre bimini est déchirée, ou plutôt arrachée! Ouf! Nous voilà bien réveillé et bien rincé!

7 :00 – Nous allons considérablement moins vite, assez que Martin veut aller voir sous Calbodine. Nous sommes à la cap mais je doute qu’il puisse s’y rendre car le courant est à un nœud et demi. Les cordes sont installées, pas questions de descendre dans l’eau sans être attaché. Je n’ai pas envie de pratiquer mes manœuvres d’homme à la mer dans cette mer maintenant bien formée. Il descend sous le dinghi et plonge dans l’eau bleu profond et intense, une main fermement accroché sur Calbodine. Il voit beaucoup d’algues accrochés sur l’hélice. En faisant un 360°, les algues devraient se décrocher… En remontant, le sourire fendu, je doute qu’il voulait peut-être simplement faire l’expérience d’aller dans cette mer d’un bleu profond, ±14 000 pieds d’eau salé sous lui, au beau milieu de la mer des Caraïbes…

8 :00 – Au plaisir des enfants, je prépare des Ramens pour déjeuner. Saler et réhydratant, ils conviennent parfaitement à plusieurs estomacs mouvementés! Calbodine avance bien, le vent est fort constant, la mer avec des bonnes vagues constantes. Le corps finit par s’habituer au mouvement persévérant. Il y a beaucoup de nuages autour. Nous surveillons les coups de vent. Il fait déjà très chaud! Les enfants sont avec nous, dehors. Nous discutons, rions, rêvons au futur. Ils nous disent leur rêve, on leur dit les nôtres. On fait même un peu d’école par moment.

12 :00 – Une bonne averse nous rince. Les enfants, heureux, prennent une douche! Martin et moi avons un mal de tête. On boit plus d’eau! Mais je pense à notre dernière traverser et j’avais le même mal de tête après 48 heures de navigation… Un BON CAFÉ!!! Je suis en detox de café et mon corps répond! Ce n’est réellement pas le moment d’arrêter cette drogue naturelle… Martin descend nous préparer un grand café et notre tête va déjà mieux!!!

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16 :00 – Betsy et Nelson sont à l’intérieur (qui ressemble d’avantage à un sauna), rouge et en sueur, pour écouter un film. Martin sieste sur le banc opposé de notre gite. Walace et moi discutent calmement. C’est bon de pouvoir prendre le temps de discuter ainsi avec mon garçon… sans temps, sans pression, sans limite… Il se confie et je savoure chacun de ses mots!

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19 :00 – Les enfants se couchent et s’endorment malgré une chaleur insupportable. Ils ont l’air autant fatigués que nous… Je me surprends à admirer, malgré une hâte colossal d’arriver, la mer, l’eau a perte de vue. Je suis surprise de voir cet bel et grand oiseau, seul, qui vole avec nous, à une centaine de miles nautiques de la côte, dans l’espoir de trouver un bon poisson… Je m’émerveille de leur endurance, de leur solitude, de leur courage d’être si loin…

21 :00 – Nous avons hâte d’arriver. Nous sommes exténués. Non seulement de cette traverser mais de la dernière année… ou plutôt des dernières années! Martin rêve à un prochain projet. Nous fabulons sur une bonne nuit de sommeil, sans trop de chaleur, en se faisant bercer calmement, en sécurité… Les vagues me réveillent de ma rêverie! Deux grosses vagues de différents angles me font peur… Calbodine se fait heurter violemment sur le côté… Je réveille Martin!  Il fait nuit noir. Je ne vois rien. Je ne suis pas à l’aise avec ces grosses vagues de côté. Il est moins inquiet que moi et il prend la garde. Je m’endors d’un œil.

24 :00 – Nous apercevons la terre! Hourra! We made it! Des lumières et un ombrage de montagne sous la noirceur de la nuit. Il reste à confirmer que cette île est bien Bonaire!!!! Nous savons qu’il nous reste encore quelques heures avant d’être en sécurité, bien accroché à une boule de mouillage (ancrage interdit ici!). Ce sera les plus longues heures de cette traversée!

31 mai

3 :00 – Après avoir fait le tour de l’île, nous sommes finalement à l’endroit désigner pour les boules de mouillages. Nous avons beaucoup de difficulté à voir celles-ci! Nous distinguons très mal les lumières de la ville, les feux de mouillage, les navires non éclairés, les bouées… Les voiliers semblent proche de la berge, si proche l’un de l’autre et il ne semble pas avoir de boule de mouillage de disponible. Il vent encore à 20 nœuds, ce qui rends un peu plus difficile notre approche de nuit…

4 :30 – Finalement, après avoir cherché 1 heure et demi une fichu boule de mouillage, nous sommes accrochés à une, la pire du secteur (nous verrons à l’aube qu’elle a grandement besoin d’une ligne supplémentaire provenant de notre inventaire!!) Nous rangeons Calbodine brièvement et nous nous endormons dans le cockpit sous les étoiles…

394 miles nautiques – 64 heures

Heureux d’être à Bonaire, le jour se lève doucement, l’eau semble translucide! La berge est propre (aucune poubelle flottante!), les maisons sont belles, il fait chaud, quelques plongeurs se préparent à côté de Calbodine pour une plonger, ça promets! Nous prendrons le temps qu’il faut pour célébrer notre arriver, savourer l’île et décompresser!

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