Nous avons resté 18 jours à Georgetown… beaucoup plus que les 4-5 jours planifiés! Nous avons même eu le temps de récolter quelques noix de coco et de changer de plan pour naviguer le Windward Passage au lieu du nord plus emprunté d’Hispaniola.

Nous voilà en Haïti, après 5 jours/4 nuits de navigation. Fiers, épuisés, émerveillés, nous nous endormons dans un sommeil agité certain d’avoir trouvé un coin de paradis encore intact…

24 et 25 avril (de Georgetown à Inagua)

0730 – Nous sommes heureux et un peu énervés. C’est la première fois que nous serons en mer aussi longtemps sans trop d’ancrage autour… Tout va bien. Un vent faible de dos, nous installons le tanguons du genois pour la première fois! Merci Matane pour la session! Nous filons à 5 nœuds, heureux! Nous nous préparons pour passer un cap et un Mahi Mahi mord à notre ligne!! Silence à bord… petite tension… pression… jusqu’à ce que « le soleil » soit bel et bien dans Calbodine, à l’abri de se relâcher dans la mer!!! Quel bonheur! Nous remercions la mer! (Nous avons perdu trop de poisson encore à la ligne en parlant du poisson même, de la façon de le déguster. Maintenant, nous parlons « du soleil » jusqu’à ce que le poisson soit à bord, immobile!). Le cap passé, un léger swell apparaît, le vent au près, il fait chaud.

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1500 – Nous commençons nos quarts. Sieste pour un ou pour l’autre. On dort sporadiquement. Il fait chaud et humide, les hublots sont tous fermés à cause des vagues. Beaucoup de cumulonimbus devant…

2100 – Je me réveille pour mon quart. Il fait nuit noir… pas de lune, très peu d’étoiles, beaucoup de nuages. MERDE! Des éclairs pleins le ciel. On s’en va directement dans l’orage. Des cellules orageuses à tribord, d’autre à bâbord… On ralenti, les contournent, accélèrent… Je suis stresser des squalls, nerveuse des éclairs, j’ai même peur des coups de vent violent… Je n’ose pas laisser Martin aller dormir… Après une heure de watch ensemble, il va siester… puis chacun notre tour, pour une heure ou deux…

0500 – 9 heures d’éclairs, de pluie, de détours, mais peu de coup de vent sur nous. Nous sommes soulagés. Nous avons dormit très peu avec tous ces orages autours de nous… Les cellules se formaient juste au-dessus d’un autre cap à franchir. Une fois celui-ci franchit, les nuages se sont dissipés, la nuit s’est couvert d’étoiles, la mer s’est changé en huile jusqu’au lever du soleil…

0900 – Il fait déjà très chaud. Je sors une « piscine » pour les enfants. Ils jouent, nous décapons le pont tranquillement. Nous avons tous les deux les yeux lourds… Le vent faiblit. Nous sommes contraints à partir le moteur.

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1300 – Nous venons d’entrer le 21° parallèle! Il fait chaud! Le vent reprend un peu. Nous mangeons un festin de Mahi Mahi à chaque repas. Nous décidons de nous arrêter à Inagua pour obtenir notre papier de sortie des Bahamas (au cas où) et reprendre du diesel. Nous y serons cette nuit…

1600 – Guerre de seaux d’eau de mer pour se rafraichir… Douche familiale avec la plus belle vue 360° : de l’eau à perte de vue!!! Mahi Mahi délicieux! Une soirée familiale en mer mémorable…

2000 – La nuit est tombée, aucune cellule orageuse en vue. OUF!

2420 – On jette l’ancre à l’ouest d’Inagua, près de Matthew Town. On range un peu, je bois un thé pour me relaxer, Martin rempli le réservoir de diesel et nous allons dormir fermement vers 0130…

42 heures – 228 miles nautiques

26-27-28 avril 2017 (d’Inagua à Haïti)

0700 – Nous nous réveillons, déjeunons avec café et gruau sur le feu & raisins secs. Il est de meilleur en meilleur ce gruau! Le pain est finit pour ce matin et les céréales sont épuisé…

0900 – Nous nous rendons au village. Nous sommes bien accueillis par un Bahamien gentil et généreux. Il nous arrange le tout pour obtenir de l’eau, du diesel et nous apportent à l’immigration en voiture.

1100 – Nous marchons jusqu’à l’épicerie (dépanneur) dans l’espoir de trouver carottes et bananes… Sur Calbodine, il ne nous reste que des œufs frais… et des conserves! Le « mail boat » ne s’est pas rendu jusqu’ici cette semaine… On trouve un pain et un jus FROID! Déçus, nous marcheons au village dans le but de trouver un petit restau typique pour notre dernier repas au Bahamas. Après avoir marché dans une chaleur intolérable pour 30 minutes et demandé à 5 Bahamiens les directions d’un resto, nous revenons assis dans la boite d’un camion juste derrière l’épicerie!!! Poulet frit et patates frites, nous retournons au bateau pour reprendre la mer. En chemin, une femme du Texas veut nous offrir son aide. Nous discutons gentillement. Les pieds dans notre hors-bord prêt à partir, elle revint juste à temps pour nous offrir un sac de Kale, noix de Grenoble, carottes et un lait d’amande. J’ignore son nom… mais elle restera dans mon cœur de par sa gentillesse, sa générosité et sa délicatesse!!! L’île d’Inagua nous a surpris de par sa bonté.

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1430 – Nous levons l’ancre. Une fois en mer, nous sommes envahis d’un sentiment de fierté. Nous apprécions chaque minute de ce périple. Nous sommes profondément heureux. Nous sommes ici grâce à un rêve… Les rêves peuvent se réaliser! Nous sommes en mer, de l’eau à perte de vue, aucune terre en vue mais tout prêt de Cuba, Jamaïque, Haïti… Extase!

1745 – Mahi Mahi au bout de la ligne! Celui-ci plus gros que tous les autres! Magnifique! Il nous nourrira pour au moins une semaine! Merci à la mer pour cette offrande!!

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2000 – Cette nuit, peu d’action et nous en sommes reconnaissants! Nous dormons nos quarts. Pas beaucoup de vent, nous avançons aidé du moteur.  Nous croisons pas mal de cargo et tanker en route vers le canal de Panama, la Colombie, le Brésil… Nous entrons dans une autre mer! Celle des Caraïbes! Il y a moins de voiliers ici. Moins d’aide. Moins de soutien. Nous devons s’auto-suffire et être plus aventureux… Nous adorons sortir des sentiers battus alors ça devrait aller…

Un jour quelqu’un m’a dit: Nul besoin de chercher l’aventure, elle viendra d’elle-même!

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0600 – Très beau lever de soleil. La journée sera chaude. Il y a quelques troncs d’arbre qui flottent. Nous espérons ne pas entrer en collision avec un la nuit prochaine… Walace me rejoins sur le pont. Une dizaine de dauphins communs nagent jusqu’à nous avec des hauts sauts pour nous suivre une trentaine de minutes… Magnifique!!! La journée passe, on alterne jusqu’à midi. Ensuite, il fait trop chaud à l’intérieur… On dort sous l’ombre du genois! Le vent est faible, il y a peu de vagues, nous avançons tranquillement! Nous rêvons au temps de Columbus!

1600 – On voit bien les montagnes d’Haïti au loin. Et on voit bien les cumulonimbus se former au-dessus des sommets… On mange bien, le poisson est bon!

2000 – La nuit est tombée, noire et éclairée d’éclairs… Merde de merde! Encore des orages partout! Mais cette fois-ci, beaucoup plus près de nous! Sur nous! Les cellules orageuses nous englobent de partout. La pluie nous transperce. Heureusement que l’air est chaude. Le cap Tiburon passé, le vent forcit, les vagues se forment hautes, les éclairs nous suivent, nous dépassent… nous sommes à l’intérieur des cellules orageuses. Nous voyons les éclairs toucher la mer et entendons le tonnerre gronder… Nous avons peur des éclairs… Ce n’est pas le même spectacle ici, en mer, dans Calbodine, avec notre mat en métal tout haut de 60 pieds que d’être bien assis sur la galerie de la maison… Nous sortons un extincteur dehors au cas où l’éclair frappe, nous rangeons l’électronique et nous parlons à dame nature… Nous évitons de toucher au métal qui nous entoure… Les vagues sont grosses, le vent de face, ça brasse! À l’intérieur, j’ai le cœur sur le bord des lèvres. Nous restons ensemble à surveiller jusqu’à 0100 en criant fort dans la pluie aux éclairs de s’éloigner!

0600 – Je suis épuisée, comme rarement je l’ai été! À voir les yeux de Martin, il n’est guère plus en forme que moi! Je m’endors et j’ai de la difficulté à me pousser hors de la couchette 2 heures plus tard… Le jour se lève, on peut voir la hauteur des vagues! Pas étonnant que ça brasse!! On longe la côte d’Haïti. Ce n’est pas loin… pourtant il nous faudra encore 10 heures pour arriver!!

1000 – Nous faisons d’innombrables virement de bord jusqu’à l’entrée de la baie pour l’île à Vache. Un virement par heure. Nous faisons des micros sieste, chacun notre tour, assis, dehors, à côté du barreur… On dirait que l’entrée n’arrivera jamais!!!

1515 – À peine l’ancre au fond, dans une baie paradisiaque entouré de cocotiers, que nous avons au moins 15 bois-fouillis creusés dans le manguier qui viennent gentiment se présenter, proposer leur services, nous rencontrer… Ils restent là, souriants de leur dent ultra blanche, comme si le temps n’avait plus de valeur, à nous regarder intensément de leur regard perçant, à discuter un peu, certain en français, d’autre en créole… Ils reviendront demain, conscients de nos yeux lourds…

49 heures et 45 minutes – 257 miles nautiques

C’est ainsi que nous réalisons que nous venons d’arriver dans un joyau précieux, dans une autre époque, où l’homme blanc a failli de « révolutionner »… Je dors mal, j’ai hâte de vivre leur réalité!

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4 Responses
  1. Mario Leblanc

    Ecrivez-nous, ça nous fait du bien, c’est ce que j’ai lu pour terminer la lecture de quelques-uns de vos beaux textes… Alors je vous dis un beau merci depuis Annapolis! Où je me trouve actuellement avec l’équipage de Boreas (allez voir leur blog en tapant boreasblog dans Google quand vous aurez quelques minutes). Voile et mini-maison, nous avons deux points en commun! Je vous souhaite une belle journée! Mario

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